Folk Songs

« Yes, and how many times can a man turn his head
And pretend that he just doesn’t see ?
And how many times must a man look up
Before he can see the sky ? »
Bob Dylan, extrait de Blowin’ in the wind

Au premier regard, y a-t-il plus éloigné dans la musique du XXème siècle que le compositeur italien Luciano Berio, figure majeure de la musique contemporaine et pionnier de la musique électroacoustique décédé en 2003, et Bob Dylan, icône mondiale de la musique populaire ? Pourtant, en 1963, alors que Bob Dylan s’impose comme l’une des grandes voix de la folk qu’il aime à définir comme ces « chansons qu’on tient toujours de quelqu’un », Luciano Berio compose ses onze Folk Songs, tribut à la chanteuse américaine Cathy Berberian. Le cycle s’ouvre par ses arrangements de deux chansons traditionnelles américaines : l’émouvante « Black Is The Colour (of My True Love’s Hair) », rendue célèbre par Joan Baez et Nina Simone, et « I Wonder as I Wander », l’une et l’autre collectées dans les Apaches au début du siècle par John Jacob Niles, dont Bob Dylan s’est largement inspiré dans les années 1950. S’inspirant lui de chants traditionnels du monde entier pour écrire son cycle, Luciano Berio s’inscrit dans les pas de tant de compositeurs qui se sont emparés de la musique populaire pour créer certains des plus chefs-d’œuvre de la musique classique. À l’occasion de son 100ème anniversaire, Miroirs Étendus lui consacre un concert où ses Folk Songs et quelques pièces de musique de chambre se mêlent à des chansons issues de l’album Feewhelin de Bob Dylan, paru en 1963, dont les emblématiques « Blowin’ in the wind » et « The Girl from the North County », et d’autres moins connue dont l’écriture résonne parfois étrangement avec la musique de Berio. Une façon de découvrir l’œuvre du compositeur italien en empruntant l’une des brèches infinies qui traversent l’histoire de la musique.

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