Così fan tutti

« There is a game of love. This is a game of love.
And it was you, the one that would be breaking my heart. »
Daft Punk, extrait de Game of Love

Miroirs Étendus poursuit l’adaptation d’opéras du grand répertoire en s’emparant du troisième opus de la trilogie Mozart – Da Ponte : Così fan tutte, sous-titré «L’École des amants». L’histoire est simple : deux amants feignent de partir à la guerre et reviennent déguisés pour tenter chacun de séduire leur fiancée, afin de prouver ou non leur fidélité. Comment raconter cette œuvre aujourd’hui, en un temps où la convention du déguisement n’est plus vraisemblable ? à une époque où la dignité des femmes est assez reconnue pour que la question de leur fidélité soit non avenue ? En matière d’amour et de représentation des femmes, bien des choses semblent avoir changé depuis le Siècle des Lumières – dont nous sommes pourtant les héritiers. Le metteur en scène Antonio Cuenca Ruiz imagine Così fan tutte comme une soirée entre jeunes gens qui, pris par un jeu accepté de tous – du moins au début – confrontent la candeur de leur amour à la violence de la jalousie et du désir dans un grand « game of love » à la fois léger et sérieux, comme voulait le raconter Mozart. Puisant dans le libertinisme de la création comme dans l’imaginaire d’aujourd’hui, il mêle les récitatifs de Da Ponte à des textes libertins de l’époque dans une vision à la fois extrêmement fidèle et contemporaine. Confiée à Maël Bailly, l’adaptation musicale restitue la richesse de la partition originale tout en lui donnant des couleurs plus actuelles par une instrumentation inédite.